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mardi, mars 19, 2024

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Un prof de Tolbiac réagit aux propos de Blanquer « Moi, Islamo-gauchiste ??? »

Un professeur de sociologie de l’université de Tolbiac s’est insurgé ce matin contre la dénomination d’islamogauchisme rampant à l’université proférée par Jean-Michel Blanquer le ministre de l’éducation nationale.

Abou Backr E. a expliqué « Islamo, ok, mais gauchiste, ça voudrait dire qu’on soutient cette société progressiste immonde alors qu’on est plutôt pour balancer les homos depuis des toits d’immeubles que d’aller défiler à la pride, m’voyez… »

 

Selon Leyla Arslannn 1, l’islamo-gauchisme, d’origine anglo-saxonne, consiste à soutenir « que l’islam peut contribuer à faire émerger un souffle révolutionnaire ». Pour elle, c’est Chris Harman, dirigeant trotskiste du Socialist Workers Party (SWP) qui, le premier, affirme dans son article The prophet and the proletariat (en 1994)3 que « les islamistes, en reprenant la vulgate anti-impérialiste, construiraient des groupes sociaux importants dont la colère devrait être canalisée vers des objectifs progressistes »4.

Gaël Brustier souligne que, si le débat a été lancé par le SWP, « l’islam exerce depuis longtemps une véritable fascination au sein des mouvements marxistes, d’extrême gauche ou anticolonialistes »5. Le politologue français prend l’exemple de Jacques Vergès, dont la fibre anticolonialiste le pousse, pendant la révolution algérienne, à rejoindre le FLN et à défendre Djamila Bouhired, poseuse de bombes meurtrières à Alger. Il l’épouse, s’installe à Alger après l’indépendance, se convertit à l’islam, prend la nationalité algérienne et se fait appeler Mansour6« Un peu plus tard, aux confins de l’extrême gauche, le terroriste vénézuelien Ilich Ramírez Sánchez – Carlos – embrassa lui aussi l’islam ». Gaël Brustier considère que « “l’islamo-gauchisme” du SWP peut exister et représenter une des vérités de l’extrême gauche internationale, cependant en France il a perdu la bataille. Dans les appareils politiques déjà. Dans la société également »5.

Le terme islamo-gauchisme est employé, en 2002, par le sociologue Pierre-André Taguieff dans son ouvrage La Nouvelle Judéophobie. L’auteur explique qu’il l’a utilisé pour essayer de « montrer qu’un certain tiers-mondisme gauchiste se retrouvait côte à côte dans les mobilisations pro-palestiniennes notamment, avec divers courants islamistes »7,8. 14 ans après avoir utilisé le terme dans La Nouvelle Judéophobie, Pierre-André Taguieff estime, en 2016, que « ce genre d’amalgame se justifie à condition d’en définir le sens précisément […] Mais le sens devient de plus en plus vague à mesure qu’il devient un terme polémique7. » En 2017, rappelant la tenue de réunions non-mixtes, il écrit dans L’Islamisme et nous : « D’une façon croissante, l’antiracisme est mis au service de l’islamisme et de l’islamo-gauchisme, ou instrumentalisé pour la défense de causes ethnicisées »9.

Selon Laurent Lévy, le terme connaît son premier grand essor en 2003, lorsque des personnalités en faveur de l’adoption de la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques françaises l’utilisèrent régulièrement pour qualifier leurs opposants, qu’ils considéraient comme des gauchistes, « idiots utiles » de l’islamisme ; « Il est difficile de retracer l’origine de cette nouvelle expression, qui semble avoir été d’abord utilisée par les intégristes laïques de l’Union des familles laïques (UFAL) et de la feuille électronique Respublica, mais le fait est qu’elle s’est répandue comme une traînée de poudre dans de larges secteurs de la mouvance prohibitionniste, et a été reprise telle quelle par des auteurs aussi “divers” que Alain FinkielkrautPierre-André Taguieff ou Caroline Fourest10. »

Selon Olivier Christin — qui a dirigé avec Marion Deschamp le Dictionnaire des concepts nomades en sciences humaines (Métailé, 2016) — l’islamo-gauchisme appartient à ces expressions dont les « usages montent en flèche mais [qui] subissent une usure accélérée. Ils vieillissent terriblement vite ! » Des mots qui, selon Libération, appartiennent à la novlangue. Olivier Christin estime que cette prolifération de termes dans la langue politique peut être considérée « comme un signe de sa vacuité […] », mais également comme « un indicateur de la vitalité démocratique du pays […] »11.

Selon Geoffrey Bonnefoy (L’Express), l’expression est devenue, en 2017, un concept à la mode qui qualifie « des personnalités de gauche accusés d’être trop laxistes vis-à-vis de l’islam », des adversaires n’ayant pas la même approche de la laïcité, jugés complaisants à l’égard du communautarisme. Le journaliste considère que le terme est péjoratif et rapporte les propos du sociologue Marwan Mohammed qui déclare : « En qualifiant quelqu’un d’islamo-gauchiste, l’idée n’est pas de débattre avec lui, mais bien de le disqualifier […] Ceux qui l’emploient refusent d’envisager la complexité des phénomènes sociaux et se contentent d’excommunier leurs adversaires. » Pour Bonnefoy, le terme « réducteur et insultant […] qui est apparu dans le débat public au début des années 2000 selon Libération, est progressivement devenu l’équivalent du point Godwin », il permet « d’asséner une accusation, sans preuve, et de clore le débat sur un sujet politiquement sensible »12

En France, Caroline FourestÉlisabeth BadinterAlain FinkielkrautBernard-Henri Lévy et Jean-Michel Blanquer utilisent le terme. Shlomo Sand note que des personnalités comme Edwy PlenelMichel TubianaAlain Gresh, et Raphaël Liogier sont présentées comme des « islamo-gauchistes » archétypiques13.

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