Il faut arrêter de croire que les gens n’ont pas/plus confiance en la presse uniquement par leur faute, uniquement parce qu’ils seraient bêtes, conspirationnistes, d’extrême gauche/droite,…
Les gens ne se sont pas levés un matin en se disant qu’ils allaient détester les médias. Ce que les grands médias subissent aujourd’hui sont le résultat de plusieurs années de mauvais travail, de mauvais traitement de l’information, quotidiennement.
J’ai donc décidé de faire une petite compilation d’éléments qui font qu’aujourd’hui, je n’ai que très peu confiance en ce que je lis. Et que, comme beaucoup de gens, et c’est ce qui ressort des gilets jaunes, je préfère me faire une opinion sur base de 20 sources brutes différentes plutôt que de me laisser dire où est la vérité par Christophe Barbier sur BFMTV.
A ce propos, je trouve que l’analyse de Vincent Glad sur l’évolution actuelle du public face à la presse est très pertinente et rejoint en grande majorité ce que je pense. Et lui ne peut pas être accusé d’être juste un pyromane des médias.
Ce que n’arrivent pas à comprendre les journalistes, c’est qu’avec Internet, les gens ont accès à des sources diverses (FB Live, groupes FB, tweets, chaînes de télé) et ils se font leur opinion à partir de toutes ces sources. Sans attendre qu’un journaliste leur fasse le montage.
— Vincent Glad (@vincentglad) 13 janvier 2019
Le traitement de la science par la presse:
Tous ceux qui ont un intérêt pour les questions scientifiques s’en rendent régulièrement compte: La plupart des journalistes ne comprennent rien aux questions de sciences dures. Il y a très peu de spécialistes des sciences dures puisque la plupart des journalistes n’ont à l’origine pas de formation scientifique. Ils se reposent alors sur des experts, comme sur les questions économiques, et peuvent donc publier ou diffuser n’importe quoi.
Prenez l’exemple de cet article de la RTBF, qui non seulement nous explique que la Chine est un état nippon mais que le robot va explorer la « planète blanche ». Comment peut-on arriver à avoir des journalistes adultes, ayant fait à priori plus de 3 ans d’études, en arriver à écrire que la Lune est la planète blanche ? C’est du niveau 5ème primaire.
Autre exemple, information relayée de manière erronée dans plein de médias « sérieux ». L’objet le plus loin « jamais observé » n’est pas aux confins de l’univers, ce n’est pas la même chose.
Quand il s’agit d’informations scientifiques, on voit régulièrement les journalistes partager bêtement des « découvertes », « études »,… sans regarder réellement les chiffres et résultats de l’étude mais se contentant de recopier le communiqué de presse. Or ceux qui travaillent dans le monde de la science au sens large savent que le meilleur moyen de réaliser une étude qui a de l’écho, c’est d’orienter l’étude pour produire des résultats sensationnels. Cela marche notamment très bien pour les sondages.
A lire à ce propos:
Non abrutis de médias, 10% des Français ne croient pas que la Terre est plate.
Comment avoir confiance en la presse quand un journal censé être sérieux publie ça pour vendre de la merde à ses lectrices ?
Autre exemple, Le Parisien qui fait l’éloge d’une méthode débile pour choisir le sexe de son bébé par son alimentation.
L’actualité internationale orientée pour combler les biais de confirmation des lecteurs et des journalistes (Exemple: Trump est un con):
Quel meilleur moyen de produire du clic que de brosser son lecteur dans le sens du poil ? Exemple: Les bêtises de Trump. Alors qu’on a déjà franchement le choix dans les conneries dites ou faites par le président américain, certains journalistes exagèrent aussi parfois l’actualité pour taper sur Trump. Ce qui le renforce fortement puisqu’il peut ainsi crier aux fake news sur son compte.
A lire à ce propos:
[Vraie info] La presse raconte n’importe quoi sur Trump tout le temps. Et c’est grave.
ou
Non Trump n’a pas appelé à la « déforestation »
Quotidien désinforme sur Morgan Freeman en traduisant n’importe comment:
Dans un autre genre, Quotidien qui diffuse cet extrait de CNN où une journaliste accuse Morgan Freeman de comportement de harcèlement sexuel. A noter que pour cette désinformation, nous avons pris contact avec Quotidien et Libé Checknews (c’est leur rôle de faire du fact-checking non?), aucune réponse.
Quand BFMTV manipule l’information en cachant des éléments pour orienter son propos:
Quand la RTBF désinforme (ainsi que toute la presse belge) sur la réforme du droit d’auteur:
LA RTBF PRISE EN FLAGRANT DÉLIT DE MENSONGE SUR LE DROIT D’AUTEUR
La déformation des propos
Ce qui me pose problème et me rend également extrêmement méfiant des médias, c’est que quasiment systématiquement quand je donne une interview, je vois ensuite mes propos complètement déformés quand ils ne sont pas tout simplement orientés pour me faire dire quelque chose que je n’ai pas dit. C’est un sentiment que beaucoup de gens partagent et je connais beaucoup d’amis qui désormais n’acceptent de répondre que par écrit et en redemandant un droit à la relecture avant publication. Un droit souvent refusé et on peut le comprendre, il ne devrait pas normalement être nécessaire qu’une personne relise ce qu’elle a dit si ses propos ont bien été retranscrits. Ce que j’ai souvent remarqué à ce sujet, c’est que le/la journaliste a bien souvent déjà son article en tête et cherche juste à récupérer de l’information pour appuyer son angle. Il y a donc une déformation consciente ou inconsciente des propos pour qu’ils rentrent dans le moule de l’angle choisi.
Le journaliste fait un article sur le Cancer des fake news, la maladie du siècle. Que faire quand ton expert t’indique qu’on fait fausse route, que les fake news ne sont qu’un symptôme et pas la maladie ? Tu ne peux pas ajouter dans ton article des arguments qui démontent ton papier, alors tu t’arranges.
La crétinisation de l’information:
Aujourd’hui, il n’est pas étonnant que les gens en aient marre de la presse. Ce qu’une certaine presse, celle des chaînes d’info en continu, a créé, c’est un débat permanent totalement éloigné des faits. Il n’y a plus aucun recul qui est pris et aucune information n’est diffusée sans qu’il y ait en plateau des gens pour donner leur avis sur celle-ci, transformant donc une information en une question de débat public et exterminant par la même occasion les faits au profit des opinions. De la même manière, on produit en Belgique des machins comme « A votre Avis » sur le service public qui n’a que pour but « d’animer le débat public » parfois sur des questions où il n’y a pas lieu d’avoir d’avis, il y a lieu à regarder les faits. Ce qu’il faut, ce n’est pas une émission qui s’appelle « A votre Avis », c’est « Voici des faits ».
Ce qui serait vraiment bien, c’est que les journalistes arrêtent de se sentir d’un bloc et ne laissent pas faire sans rien dire ceux qui dérivent. Parce que c’est normal que les gens crachent sur tous les médias si la majorité d’entre eux (ou les plus visibles) produisent du travail minable.
Le jour où on aura vraiment avancé, c’est le jour où un gars qui bosse au Monde arrêtera de se sentir dans la même corporation que Jean-Marc Morandini ou Ruth Elkrief.
Et pour parler de la Belgique, le jour où les journalistes, l’AJP et le CDJ arrêteront de défendre bec et ongles cette saloperie qu’est Sudpresse, la confiance sera retrouvée.
Réveillez-vous, journalistes. Rejetez ceux qui salissent votre profession. Refusez de participer à des débats d’éditocrates. Produisez de l’information, pas du clash.
Et arrêtez de croire que le danger ce sont les fake news, le vrai danger, ce sont les bad news qui polluent l’espace médiatique.
Bonus: