Voici Wanda Écarlate, ça n’est pas son nom de famille bien entendu, mais ses petits camarades de l’école la surnomment comme ça parce qu’elle est rousse. Mais nous n’entrerons pas dans l’éternel débat de savoir si la petite Wanda a une âme, si c’est une sorcière, si elle a déjà un pied en enfer. Non, Wanda est une fille de 13 ans de bonne éducation, vertueuse, l’enfant dont beaucoup rêveraient. Sauf qu’un jour, elle partait faire du cheval et qu’elle trouvait trop beau d’aller au galot, le pare-choc vengeur de la destinée vint contrecarrer les rêves de liberté de Wanda et de Pigeon, le cheval de Wanda. (1) Et là patatras, c’est le drame. Grave accident qui laisseront des marques à la fois dans les corps et âmes de Wanda et Pigeon. Les corps guérissent toujours plus ou moins, mais leurs esprits demeurera à jamais meurtris. Il faut se rendre à l’évidence, Pigeon et Wanda sont en froid. Tandis que l’une refuse de monter l’autre, l’autre ne se laisserait pas monter impunément de la sorte, la dernière fois ça s’est pas bien fini, alors ils n’ont pas envie de recommencer. Mais l’amitié qui les unissait était tout de même quelque chose d’important, et puis Will, le père de Wanda Écarlate il a fait un emprunt sur 5 ans pour le payer ce cheval (3) donc vaut mieux qu’il soit en état de marche ce canasson. Et donc Sue, la maman de Wanda, elle se fait du soucis pour sa fille aussi qui devient irritable, chiante, en constante opposition avec ses parents, bref, une ado. Sa mère s’est donc mise en tête de réparer le cheval, et ainsi peut être que sa fille redeviendrait l’enfant douce et calme qu’elle a connu.
Des vrais et bons réparateurs de chevals ça ne court pas les rues, mais Sue a de la suite dans les idées et trouve trace d’un homme portant un stetson que l’on appelle Donald, et ce Donald il murdeberlinerait à l’oreille des chevals. Ah c’est un chuchoteur ! Que neni, vous vous fourvoyez dans la médiocrité, Donald est bien plus qu’un simple chuchoteur, il donne des cours d’histoires du XXème siècle aux chevals. Et il se trouve que ce brave Donald est allemand. Le Mur de Berlin, voilà ce qu’il a choisi d’apprendre aux chevals Donald. Car les chevals sont tout de même très nombrilistes et n’imaginent pas les souffrances que les autres peuvent éprouver. Mais Donald s’attaque tout de même à un gros morceau avec le brave pur sang Pigeon.
Sue, Wanda et Pigeon se rendirent dans la propriété de Donald, une ferme perdue dans un petit village typique du fin fond de l’état de l’Hannah Montana. Sue a donné rendez-vous au troquet du coin, un Saloon qu’ils appellent ça. Stéphanie, la barmaid, était très belle, ses cheveux rappelaient l’or qui avait donné la fièvre à nombre d’explorateurs. Mais Stéphanie aux cheveux d’or n’était pas en reste quand il s’agissait de faire tourner la tête des chercheurs d’or.
Sue vint s’attabler en face de Donald :
« Qu’est ce que vous buvez ? » Lui demanda-t’il
« La même chose que vous » , dit la citadine un peu perdue.
« Hey Stéphanie, deux monacos ! » cria Donald en se tournant vers la belle barmaid.
La discussion s’engagea entre nos deux protagonistes autour d’une boisson qui s’éloigna quelque peu du tord-boyaux qu’ils montrent habituellement dans les films.
« La dernière jument que j’me suis occupée était une sacrée paumée. Elle avait la crinière blonde et la robe brune, elle s’appelait Soupe à l’oignon (1). Elle a suivi un groupe d’explorateurs français dans le désert mexicain dans les années nonantes, elle a eu de la chance d’y réchapper la pauvre Soupe à l’oignon. Entre les serpents, les mygales, les températures dignes de l’Arizona le jour et du Wyoming la nuit, cette pauvre Soupe à l’oignon à faillit perdre la boule. Mais le pire pour elle c’était de supporter ces maudits français. Mais elle revient de loin la petite Soupe à l’oignon. Elle coule encore quelques jours peinards au ranch avant que ces cons de français viennent la récupérer. J’espère qu’ils vont pas repartir dans le désert, pauvre Soupe à l’oignon. Bon Sue, vous avez su trouver les mots justes, je verrai ce que je peux faire avec votre cheval là, comment qu’il s’appelle d’ailleurs ? »
A Sue de répondre troublée : « Mais, je n’ai encore rien dit… Pigeon c’est comme ça qu’il s’appelle. »
Retrouvons nos héros accompagnés de la petite écarlate qui préfère écouter Superbus sur son iPod que de vivre pleinement le miracle qui se joue sous ses yeux, le premier contact entre Donald le murdeberlineur et Pigeon qui a peur des gens depuis qu’il s’est fait dégommer par une bagnole.
L’homme et la bête se cherchent et se fuient du regard. Au début pas de mots, il faut d’abord se juger, jauger, et tout un tas d’autres verbes avant d’être assez proche et intime pour murdeberliner calmement. Donald est pour une approche sans violence ni contrainte excessive prenant en compte la nature même du cheval, un cheval ayant une dent contre lui aurait vite fait de lui botter le cul après tout. En effet, comme on peut le voir Donald cherche à mieux comprendre Pigeon le cheval afin de pouvoir entrer en relation avec lui, dans la confiance et le respect mutuel. C’est enfin après ce long processus que Donald pourra murdeberliner à l’oreille du cheval. Déjà Pigeon se calme, et semble plus doux qu’auparavant, Donald s’approche de son oreille, quelques mots parviennent à l’oreille de Sue, même si ils ne lui sont pas destinés :
« … pacte de Varsovie … » [inaudible] « … chancelier fédéral Adenauer … blocus de Berlin … porte de Brandebourg … » [inaudible] « … Tag der Deutschen Einheit … »
Sue a du mal à tout entendre et comprendre, mais nul besoin de comprendre ce qui se passe, la magie l’opère à cœur ouvert et Pigeon semble s’être calmé. Ce n’est qu’un pas bien entendu, et la route sera longue pour que Pigeon redevienne le cheval qu’il était. Mais les choses s’annoncent meilleures pour le brave Pigeon grâce à Donald, et même une lueur d’espoir apparaît dans le regard de l’adolescente écarlate, tout ça nous le devons à Donald, l’homme qui murdeberlinait à l’oreille des chevals.
[Générique sur le vieux poste du ranch](http://www.youtube.com/
(1)Non ce n’est pas un nom ridicule, lisez le Paris-Turf et vous saurez.
(2)Oui, on vous a dit que les roux ont des âmes, on ne revient plus là dessus.
(3)Sur ce coup là on se demande qui est le pigeon.