Tout amateur du 7e art a en tête le célèbre, « il commence à me les briser menu » de Lino Ventura dans les Tonton Flingueurs ou le « Tu me casses les couilles » hystérique de l’acteur-réalisateur belge Benoit Poelvoorde. Dans le cinéma francophone (et pour les doublages également), l’évocations des gonades masculines est en effet plus répandue que la déclaration »je t’aime ». En vue d’un épurement du discours, cette expression sera pourtant remplacé en doublage dans les prochains mois. Le ministre de la culture (nous avons dû interroger le représentant de l’Etat français, la ministre belge ayant refusé de nous répondre) s’exprime ainsi « nous lançons une vaste commission qui va visionner les 14 754 films paru sur grand écran après la seconde guerre mondiale pour déceler et remplacer la moindre évocations à ces attributs purement patriarcaux« . En effet, la décence antérieure à 1945 permet de ne pas craindre de retrouver pareille mention des bourses à semences dans les films parus jusqu’alors.
« Le nouveau sens de l’expression permet d’évoquer à la fois le paquet masculin, mais également les seins ou même les épaules, les genoux, etc. En effet, tout le monde possède toujours au moins une de ces parties de l’anatomie » s’amuse le ministre, avant de reprendre son sérieux « Pour les mutations génétiques qui entraînent la présence de trois cou… heu testicules… nous considérons que l’expression est inclusive, puisque s’ils en ont trois, ils en ont évidemment deux« . Son cabinet nous confirme que le ministère a longuement débattu de la question avant de rendre un avis positif.
C’est dans un contexte troublé que la décision a été prise, après plusieurs plaintes déposées face à ce qui s’apparentait à de la provocation pour les détenteurs d’une seule roubignole, voir pour ceux qui avaient tout perdu, ou qui n’en avait jamais eu. « Nous, femmes, n’avons jamais pu nous approprier cette expression, et n’avons pas d’équivalent« . C’est mal se rappeler Mimi Mathy qui dans l’épisode 345 de la saga Joséphine Ange Gardien s’exclamait « Tu me casses les couilles et si tu continues je t’étrangle avec« .
La commission sera lancée avant le week-end prochain nous a promis le ministre. « Face à une telle urgence, on ne pouvait se permettre de laisser passer plus de temps avant d’agir d’une manière forte« . La commission réunira à parts égales des experts de Belgique, France, du Canada, de Guinée et de la communauté francophone du Lichtenstein. La révision du catalogue devrait être terminé pour le 100e anniversaire de la mort du réalisateur Claude Autant-Lara (1901-2000) à qui on doit le monument du cinéma français « La Traversée de Paris » (où l’expression est prononcée plus de huit fois par Bourvil). Les séries télévisées et téléfilms (co-)produits par France télévision et la RTBF seront la prochaine étape, nous assure-t-on dans les couloirs de Matignon.
La décision a été parfaitement reçue par les critiques d’arts et la rue qui a conscience que l’usage de l’expression déplacée dans les œuvres d’art, spécifiquement quand elles ont plus de 20 ans, est un trouble de société responsable de nombreux maux. A Cannes, devant le fabuleux escalier d’honneur du festival, la police a toutefois dû réprimer une petite manifestation qui a causé la mort de 17 personnes, l’arrestation de 532 militants radicalisés et la disparition d’une vingtaine de personnalités du monde culturel. Le nombre de blessés est encore indéterminé.
Afin de se remémorer ce grand moment de cinéma avant qu’il soit effacée de la mémoire collective, rappelons-nous cette phrase de Virginie Efira dans le remake français de 2001 l’Odysée de l’Espace : « Tu veux pas te taire pour arrêter de me les casser, et les sucer à la place !? », incarnation du raffinement et du franc parlé francophone.