Ce 27 juillet au matin, le métropolite Antoniy de Borispol reçoit trois journalistes à la Laure des Grottes de Kiev pour expliquer son ressenti sur la situation en Ukraine depuis le début de l’année. Il nous explique, dans un calme absolu – le tout en étant filmé (l’interview est susceptible de passer à la télévision ukrainienne) – que ce schisme l’attriste. Le schisme dont il parle est celui opéré par le Patriarcat de Constantinople, qui a décidé d’accorder l’autocéphalie (la reconnaissance canonique) à une Église orthodoxe ukrainienne indépendante de Moscou. Cette indépendance contrarie en effet les occupants de la Laure des Grottes de Kiev, tous rattachés au Patriarcat de Moscou. Cette division, qui pourrait sonner comme une provocation vue la situation à l’Est du pays, le métropolite la voit comme une épreuve, c’est pour lui son devoir ainsi que celui de tous ses frères d’oeuvrer à la réunion des Eglises séparées. Il a beaucoup insisté sur l’importance religieuse de se fraterniser plutôt que de se diviser. Il n’y a, selon lui, aucune volonté politique de nuire à l’Eglise adverse. Le croire serait une erreur, mais comprenons qu’il soit obligé de ne pas avouer une certaine animosité de la part de son Église envers le camps d’en face. Pour ajouter une couche de pathos et surtout de dénigrement sur l’Eglise qui pose problème, vient le temps de discuter des dizaines de paroisses attaquées sans que les autorités étatiques n’interviennent (nous avons rencontré certaines des victimes le le soir-même). Une fois l’entretien terminé, on nous offre un bouquin (en ukrainien) rempli de photos montrant des centaines de croyants et hommes d’Église, tous évidemment fidèles au Patriarcat de Moscou. A midi, vient l’heure de se rendre au point de départ de la procession, la prière a donc lieu au pied de la statue du Prince Vladimir, symbole du premier baptême orthodoxe slave, en 988. A son arrivée, Sa Béatitude Onuphre, métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine (second du Patriarche de Moscou donc), provoque des balbutiement d’émeutes, tant il est idolâtré. La prière dure une heure, avec à noter, la présence au milieu des évêques derrière Onuphre, un oligarque ukrainien.
Après un peu moins d’une heure de marche sous un soleil de plomb et une chaleur étouffante, nous arrivons au monastère.
C’est alors qu’à lieu une autre prière, devant la Cathédrale de la Dormition. Vient enfin le moment de rencontrer les victimes traumatisées des attaques contre les différentes paroisses à travers le pays.
En sachant qu’il peut y avoir de fortes nuance entre une attaque physique avec séquestration etc. et une attaque verbale qui peut être le résultat d’un tag sur un mur (ce type d’attaque est vraisemblablement le plus fréquent). Les attaques, jamais punies par l’Etat, sont le résultat d’une querelle entre deux Églises du même bord religieux, mais divisées par une guerre territoriale à l’Est du pays. Le dimanche 28 a ensuite lieu le compte rendu de la veille, alors que l’Eglise “concurrente” fête le 1031 ème anniversaire du premier baptême orthodoxe slave de la même manière que les les croyants du jour précédent. A l’heure du bilan, devant une quinzaine de journalistes et quelques chaînes de télévision, le métropolite Antonyi nous annonce avec calme que la journée de samedi fut un succès, et que le nombre de participants à la procession s’élève à plus de 300 000. Soit approximativement la population de l’Ardèche. Le chiffre semble énorme, mais pas si surprenant quand on sait que l’année précédente, le chiffre de 250 000 personnes été évoqué. La réalité semble ne pas dépasser 50 000 personnes selon les autorités, soit de quoi remplir plus de la moitié du Stade de France. Cette manifestation reste une incroyable démonstration de force face à “seulement” 15 000 personnes lors de la procession du lendemain dans le coeur de Kiev.
Le dimanche matin est également l’occasion d’organiser une liturgie pour, une fois de plus, unir le plus grand nombre de croyants.
Ce dernier week-end de juillet, marqué par une chaleur écrasante, a aussi été le symbole d’une désunion entre deux camps. Nous laissons le soin à nos lecteurs de trouver les qualificatifs adéquats pour désigner ces deux camps.
Ci-dessous, une retranscription de l’interview du samedi matin, rédigée en français par l’Eglise elle-même.
Vladyka Anthony : Je suis très heureux de vous accueillir à la Laure de Kyiv-Petchersk, la métropole de Kyiv, l’organe administratif de l’Eglise orthodoxe de Kyiv. Et c’est le plaisir de vous saluer juste à la veille de notre fête en l’honneur du Prince Vladimir, le Baptiste de la Russie Kievienne. Depuis quelques années cette fête n’est pas seulement religieuse, mais aussi nationale. La fête s’appelle le Jour du baptême de la Russie. Nous célébrons avec gratitude à Dieu et au prince Vladimir pour son choix, lorsqu’à la fin du Xe siècle, la Russie Kievienne est devenue un Etat orthodoxe. Et tout ce qui est lié maintenant à notre histoire ukrainienne est rempli de sens contenu de la foi chrétienne orthodoxe. L’Eglise orthodoxe ukrainienne est aujourd’hui la plus grande organisation religieuse en Ukraine. Nous avons plus de 12 000 paroisses. Nos paroisses se trouvent dans toute l’Ukraine et dans les régions de l’Est et de l’Ouest. Nous avons 53 diocèses, c’est-à-dire toutes ces paroisses sont réparties dans 53 diocèses. Et la plupart des Ukrainiens vont aux églises de l’Eglise orthodoxe ukrainienne. Nous avons nos propres problèmes. Je pense que nous en parlerons lors de notre conversation pour ne pas parler en termes généraux. En tout cas, nos gens sont croyants. Malgré la période très difficile de la vie moderne, depuis ces cinq dernières années ils sont restés fidèles à l’Eglise orthodoxe. Vous pouvez le voir vous-même aujourd’hui à 13h00. Nous allons faire l’action de grâce près du monument du Saint grand prince Vladimir Egal-aux-Apôtres. Le métropolite de Kyiv et de l’Ukraine Onufry avec tous les évêques de notre église va diriger l’action de grâce. Les invités des autres églises orthodoxes locales seront également présents. Après cette prière, nous irons à la procession vers la Laure de Kyiv-Petchersk. Cette procession sera dirigée aujourd’hui par les saints confesseurs de la terre ukrainienne. L’année dernière nous avons célébré le centième anniversaire du martyre du métropolite de Kyiv, Vladimir Bogoïavlenski. Ce fut le premier meurtre d’un évêque orthodoxe par les bolcheviks au début du XXe siècle. Et c’était la mort du métropolite Vladimir Bogoïavlenski qui a marqué le début de la procession pour toute notre église. Les autorités bolcheviques ont tenté de détruire l’Eglise comme l’âme de notre peuple. Les églises ont été détruites, les prêtres et les croyants exilés. Plusieurs milliers de personnes ont donné leur vie pour la fidélité à Dieu et à l’Eglise orthodoxe. C’est pourquoi nous avons décidé de dédier cett procession à nos confesseurs. Et ce sont les icônes miraculeuses les plus vénérés en Ukraine qui irons les premières. Et aussi les reliques de saints confesseurs. Ils nous mèneront aujourd’hui, notre église contemporaine, dans cette procession. Et, c’est très symbolique que justement cette année nous dédions la procession aux confesseurs, car depuis les 5 dernières années, et surtout la dernière année, notre église a également connu cet exploit de confession. Lorsque, pendant ces cinq dernières années, le gouvernement précédent a organisé sa première forte pression sur notre église et, l’année dernière, elle a violé de manière flagrante la Constitution de l’Ukraine, qui garantit la non-ingérence de l’État dans les affaires de l’église. Ils ont créé une nouvelle institution des schismatiques. Et, c’est à l’initiative des autorités publics, nous doivent le constater avec regret, que le patriarche Bartholomé est également intervenu de manière non canonique dans les affaires d’une autre église locale. Il a créé la soi-disant nouvelle institution sous le nom de PCU, l’Eglise orthodoxe d’Ukraine. Par cette action, le gouvernement précédent et le patriarche Bartholomé n’ont pas créé les conditions préalables à l’unification. Mais au contraire, ont divisé encore plus profondément la société ukrainienne orthodoxe. Et je dis qu’aujourd’hui les confesseurs dirigeront notre procession, c’est parce que ce n’est pas nouveau pour notre église. Je parle de l’intervention du pouvoir public dans la sphère religieuse. Parce qu’au début du 20e siècle, le pouvoir athéiste se comportait par rapport à la vraie église de la même manière que le pouvoir actuel. Peut-être d’une manière moins cruelle, cependant, les principes étaient les mêmes, parce qu’à l’époque ainsi que maintenant, l’Etat voulait créer sa propre institution religieuse. Pas sur la base canonique, pas pour sauver l’âme humaine. Mais pour des raisons politiques. On se souvient qu’au début du XXe siècle, les bolcheviks ont créé la soi-disant Eglise de la rénovation. C’était une “ église ” entre guillemets représentés par les apostats de l’Eglise qui aimaient l’idée de l’idéal communiste. C’est pour cette institution que le pouvoir a confisqué des églises à la véritable Eglise et leur a transféré. Cependant, l’histoire nous témoigne que même dans ce cas, le peuple n’a pas soutenu cette institution, car ces églises étaient vides. Et les gens qui comprenaient le sens de la vie de l’Eglise priaient dans des catacombes, des sous-sols. Mais ce qui s’est passé par la suit, lorsque les bolcheviks ont compris que le peuple ne soutenait pas le renouveauisme, ces prêtres et les soi-disant évêques ont été frappés de répressions. Beaucoup d’entre eux ont même terminé leurs vies dans des prisons ou ont été exécutés. J’en parle peut-être un peu trop long, mais j’aimerais accentuer sur le fait que tout ce qui n’est pas créé sur Christ dans l’Église sera détruit. Mais pour une personne orthodoxe il est très important de maintenir sa foi, la pureté de sa foi, l’institution canonique. Tout ce que les gens que nous appelons aujourd’hui les saints confesseurs ont accompli. C’est pourquoi aujourd’hui, ils seront les premiers dans la procession, ces saints confesseurs. Afin de nous montrer, aux chrétiens contemporains, l’exemple qu’il faut tenir à notre foi orthodoxe, la foi orthodoxe canonique, comme à la prunelle de nos yeux. Vous verrez combien de personnes participeront aujourd’hui à la procession. L’année dernière, malgré une forte pression et les obstacles de la part du pouvoir public, plus de 250 000 participants à la procession sont arrivés. J’ai dit qu’il y avait des obstacles, mais les obstacles étaient très différents : ils arrêtaient les bus, interdisaient aux transporteurs d’accepter les commandes de notre église pour que les gens puissent venir à Kyiv, nous arrêtaient sur la route, ne laissaient pas passer. Et pourtant, l’année dernière, plus de 250 000 personnes ont réussi à se rendre à Kyiv, malgré les obstacles. Je pense que cette année il n’y aura pas moins. Le pouvoir actuel ne nous a pas créé de tels obstacles, un seul incident a eu lieu dans la région de Khmelnytsky, mais nous l’avons localisé très rapidement et résolu le problème. C’est pourquoi aujourd’hui nous attendons tous avec impatience cette atmosphère de l’unité ecclésiale, l’atmosphère de la prière pour notre patrie, pour notre église. Pour que le Seigneur donne à notre pays la paix et la prospérité. La procession n’est pas une action politique, c’est une prière, une partie de l’office divin. Et, je pense que vous ressentirez justement cette atmosphère aujourd’hui, si vous serez également parmi nous.
Pour éviter le monologue, je suis prêt à répondre aux questions si je le peux.
Fabrice : Thank you very much! You mentioned, that been a lot of pressure from the previous government. Now, of course, there is a new government, new President, new Parlament very soon. So how do you view this change of power? Do you have hope they may improve this situation and are you already had a contact with the new authorities?
Vl. Antoine : Tout d’abord, je voudrais dire que nous n’attendons aucunes préférences des autorités actuelles aussi bien que de celles précédentes. Nous sommes les citoyens respectueux de la loi de notre Etat. Nous voulons vivre dans l’Etat démocratique, où les droits de nos citoyens et ceux énoncés dans la Constitution et dans d’autres actes réglementaires seront respectés. Notre Constitution prévoit la séparation de l’Eglise et de l’Etat et la Constitution garantit le droit à la liberté de religion. Et nous pensons que ce sont les dispositions très importantes de la constitution qui doivent être strictement respectées. Malheureusement, le gouvernement précédent a violé de manière flagrante ces dispositions fondamentales de notre constitution, en s’ingérant brutalement dans les affaires de l’église. Et en permettant les occupations de nos églises, l’Etat n’a pas garanti le droit de nos paroissiens, citoyens ukrainiens, de confesser librement leur foi. Nous devons en parler franchement dans cette situation de conflit, qui a été observée non seulement en Ukraine, mais probablement dans le monde entier. Lorsque les églises ont été saisies, nos prêtres, nos paroissiens, ont été battus. En situation de conflit, l’Etat n’était pas un arbitre ni un garant de la paix et de la stabilité, mais, malheureusement, un participant direct et même l’initiateur (auteur) de ces conflits. C’est pourquoi nous espérons que le nouveau pouvoir représenté par le président et le nouveau Parlement, comprendront le paradoxe et l’inadmissibilité d’une telle situation, qui aggravera la division de la société ukrainienne. Et nous espérons qu’ils feront tout pour que nous revenions calmement dans le cadre législatif. Les premiers contacts de ce type ont déjà eu lieu, il y a eu une réunion entre Sa Béatitude métropolite Onufry et le président Zelensky.
Et nous espérons que le bon climat de ce côté rendra stable également la vie religieuse. Après tout, la sphère religieuse n’est pas du tout une quelque partie autonome, elle fait partie de la vie sociale de notre Etat.
Peggy : After all this time, when the Tomos was signed, do you think that it was wrong, that is was a mistake?
Vl. Antoine : Nous avons averti le patriarche Bartholomé et nos pouvoirs qu’une tentative même de légaliser la scission était fausse. Si nous résumons un peu, s’agissant dг Tomos sur l’autocéphalie. Nous devons dire que selon les règles de l’Eglise, le Tomos sur l’autocéphalie est donné à l’Eglise canonique. L’histoire ne connaît pas les cas où le Tomos sur l’autocéphalie a été donné à un petit groupe des schismatiques, en ignorant l’avis et les souhaits de la majorité des croyants de l’Eglise canonique sur ce territoire. Il y a une certaine analogie. Nous parlons de la scission comme d’un péché, de fausses actions dans telle ou telle partie de l’église. Le péché est une maladie. Et nous donnons toujours cette analogie. Toute maladie nécessite un traitement. Mais pour traiter une personne, il faut tout d’abord consulter le médecin, pour qu’il puisse faire un bon diagnostic. Le patient a accepté ce diagnostic. Et puis les recommandations et le traitement du médecin auront le bon effet. Mais si le patient vient chez le médecin et on lui dit : « Je te donne un certificat que tu es en bonne santé. Tu n’as pas besoin d’accepter que tu es malade. Oui, tu es malade, mais nous pouvons te donner un certificat confirmant que tu es en bonne santé ». Pensez-vous que ce certificat peut guérir le patient, serez-vous guéri de ce coup de stylo ? Je pense que la réponse est évidente. Le problème est que ce n’est pas la guérison de la scission qui s’est produite ici, mais la légalisation de la scission. Et c’est un précédent très dangereux pour l’organisation future de d’Orthodoxie universelle.
Peggy : The point is that the Greek Patriarch says and claims that he has the authority to give Autocephaly and of course he claims that he wanted to heal the schism on finally he created a new one?
Vl. Antoine : Je pense qu’il ne s’agit pas ici de l’autorité mais plutôt d’une déclaration sur le droit univoque du patriarche de résoudre lui seul de tels problèmes. Mais cela est faux, car si le patriarche Bartholomé avait un tel droit, probablement, il n’y aurait pas ce problème auquel Phanar est confronté maintenant. Ils sont maintenant isolés, car aucune église locale n’a reconnu le Tomos attribué aux schismatiques ukrainiens. Il me semble que le patriarche Bartholomée a été trompé par la présentation de la situation interne de l’orthodoxie ukrainienne. Cependant, lorsque notre délégation était à Phanar, j’ai rencontré personnellement le patriarche Bartholomé plusieurs fois. Nous avons essayé d’expliquer quelle est la situation réelle en Ukraine. Nous avons averti que la reconnaissance officielle des schismatiques ne résoudrait pas la question de l’unité de l’orthodoxie ukrainienne. Nos arguments prouvent maintenant la réalité de la vie. Nous voyons qu’au sein de cette institution il n’y a ni paix ni harmonie. Ils font déjà une scission de l’intérieur. Et je vous assure que ce n’est pas la première et pas une seule scission qu’il y aura dans cette institution par la suite. Parce qu’une scission ne peut donner naissance qu’à une autre scission, mais pas à la vie réelle et authentique de l’église. Il y a une observation psychologique. En quoi consiste le problème ? Ces soi-disant évêques qui n’ont pas effectivement de consécrations, non seulement épiscopales, mais aussi sacerdotales. Ils sont tous créés par un homme – Philaret, qui a commencé le schisme et a été privé de la sacrificature sainte. Tous ces jeunes gens ne savent vraiment pas ce qui est la vie à l’intérieur de l’unité universelle. Ils sont des schismatiques par leur mentalité. Par conséquent, il est très facile et admissible pour eux de faire des scissions internes, ils n’en ont pas peur. Et ils déclaraient pendant longtemps qu’ils n’avaient besoin d’aucune reconnaissance. Et maintenant, cette psychologie, continuera à agir d’une telle ou telle manière. Ils n’ont besoin d’aucun sentiment intérieur de l’unité de toute orthodoxie universelle.
Après tout, la nature de la scission ukrainienne n’est pas religieuse, il faut le bien comprendre. La scission est apparue en Ukraine à cause des idées et idéologies politiques et nationalistes. Par conséquent, ils continuent à penser dans le cadre des idéologies politiques. Du côté religieux on peut parler, par exemple, d’une forme. Mais à l’intérieur, il n’y a pas de vie religieuse, de vie de l’église. C’est le problème, même pour nous, lors de la communication avec les représentants de la scission ukrainienne. Les principales conditions de leur vie sont des idées politiques et nationalistes, mais pas les idées religieuses. Sur Internet, vous pouvez voir une vidéo de la procession qu’ils ont organisée le 28 juillet de l’année dernière de la cathédrale Saint- Vladimir vers le monument du prince Vladimir. Et comparez comment les orthodoxes marchaient. Premièrement, en termes quantitatifs et du contenu interne. Comment cela a été fait par notre peuple orthodoxe. Eux, Ils sont allés avec des chansons, des slogans agressifs qui figuraient sur le Maidan. Mais il n’y avait pas de prière. C’est une démonstration externe de la façon dont la vraie église diffère de la schismatique.
Peggy : Are there any perspectives?
Vl. Antoine : Le christianisme est une religion optimiste. C’est pourquoi, malgré tous les problèmes, tout chrétien est toujours confiant que le Seigneur corrigera toujours les défauts les plus terribles. En effet, tout orthodoxe qui croie profondément, ne peut pas négliger la « douleur intérieure » des problèmes du schisme. Du fait qu’un peuple est divisé par appartenance religieuse. Par conséquent, dès l’apparition du schisme, notre église a toujours fait appel à ceux de nos frères et sœurs qui, pour diverses raisons, ne sont pas au sein de l’Eglise canonique. Mais nous avons insisté que la question de l’Eglise ne soit vue que du point de vue de l’église. Les tâches d’opportunisme politique ne doivent pas prévaloir sur la mentalité chrétienne. Et nous sommes prêts au dialogue, nous sommes prêts à résoudre le problème à l’amiable et à mettre fin à une division aussi déraisonnable. Mais, je répète encore une fois, que cela ne devrait être fondé que sur les règles de l’Eglise et les principes canoniques. Malheureusement, nos frères ne nous ont pas encore entendus, ils espéraient vraiment sur la force du pouvoir précédent. Ont confisqué nos églises. Ainsi, je ne voudrais pas bien sûr poser des conditions, mais il me semble que le retour des églises prises brutalement et illégalement depuis les dernières années peut devenir une bonne plate-forme et une base pour commencer dès lors notre dialogue. Après tout que s’est-il passé ? Les églises n’étaient pas prises par les gens de l’église, les croyants sont restés dans l’Eglise canonique. Par conséquent, il s’avère que les églises construites pour prier sont presque vides aujourd’hui. Et les croyants qui sont habitués et ont un besoin intérieur profond, le besoin d’aller chaque dimanche et chaque jour férié à l’église pour se confesser et communier. Ils sont maintenant obligés de prier soit dans des garages, des étables, soit dans des locaux impropres à un culte. Il me semble que cela est injuste même du point de vue humain. Et bien sûr, il y a lieu la violation de la loi. L’Ukraine souhaite aller vers l’Europe, cela signifie que les principes de la vie d’un Etat démocratique européen doivent être réels. Non seulement déclarés, mais réels dans la vie de notre société. Nous sommes donc optimistes. Et nous prions toujours pour nos frères schismatiques. Nous prions également pour ces deux hiérarques qui ont trahi leur église et se sont mis au schisme. Je pense que ce qui est impossible pour l’homme est possible pour Dieu lui-même.
Fabrice : I wanted to ask you about the situation in Crimea which, if I am not mistaken, is the part of the territory of the Ukrainian Orthodox Church. What is the situation now for the Ukrainian Orthodox Church?
Vl. Antoine : Vous savez, nous n’avons pas compris le principe de la lutte avec l’Eglise orthodoxe ukrainienne depuis ces 5 années. Prise du côté public extérieur, l’Eglise orthodoxe ukrainienne est une institution unique pour tout le territoire de l’Ukraine. Notre église est présente dans toute l’Ukraine, y compris les parties non contrôlées maintenant par le gouvernement ukrainien actuel. Je parle des régions du Donbass, des régions de Lougansk et de Donetsk. La Crimée est également le territoire canonique de l’Eglise orthodoxe ukrainienne.
Les évêques sont nommés par le synode de Crimée, qui siège ici à Kyiv. Le Métropolite de Simféropol et de Crimée, Lazar est le membre permanent du Synode de l’Eglise orthodoxe ukrainienne. Et actuellement l’archevêque Alipius de Djankoï fait également partie du Synode, dont le diocèse est situé en Crimée. Le métropolite Onufry de Kyiv et de l’Ukraine est mentionné dans les paroisses de Crimée et sur tout le territoire du Donbass. C’est-à-dire qu’en termes d’église, aucun changement ne s’est produit. Je le dis, que pour nous c’est étrange, toute cette lutte avec l’Eglise orthodoxe ukrainienne, l’institution qui unit tout le territoire de l’Ukraine. La question se pose involontairement : peut-être il y a quelqu’un qui n’est pas intéressé à l’existence du territoire ukrainien reconnu par tous les Etats?
Donovan : You said, that today’s procession is a prayer and not a political event. What kind of political consequences do you expect this year after this event?
Vl. Antoine : Il me semble que pendant ces années plus difficiles il n’y a pas eu de conséquences politiques, il est peu probable qu’elles peuvent l’être maintenant, alors que la société attend une nouvelle existence plus pacifique, équilibrée et pacifique du nouvel pouvoir. Des provocations sont possibles, mais cela peut arriver à n’importe qui. Cependant pour cela certaines structures étatiques existent qui doivent faire face à la sécurité et à d’autres problèmes d’organisation. L’Eglise orthodoxe ukrainienne, en qualité d’organisatrice de la procession n’a plus qu’un objectif à accomplir : la prière. C’est un sentiment interne de l’unité de toute l’Eglise orthodoxe, de la fidélité de tous ses membres à notre église. Vous savez, il est très important en ces temps difficiles de se soutenir. Vous êtes dans la structure des médias et vous devriez comprendre la pression faite sur notre église depuis cette période, ces 5 années. Il n’y avait pas une seule ressource liée de telle ou telle sorte aux structures étatiques qui ne produit quotidiennement des calomnies, de la haine, des fausses informations ou mensonges flagrants contre notre église. On a essayé de donner à notre église l’image d’une institution marginale qui est en train de disparition, qui n’a pas d’avenir en Ukraine. Pourtant en réalité, une grande partie de l’Ukraine croit et reste fidèle à sa véritable église canonique. Aujourd’hui, il y aura beaucoup de paroissiens dont les églises ont été confisquées. Et aujourd’hui, ils ressentiront le soutien intérieur de tout le corps de l’Eglise orthodoxe ukrainienne. C’est la force intérieure de l’église, ce n’est pas un truc psychologique. C’est par la prière que l’aide de Dieu est donnée. Nous nous souvenons toujours des paroles du sauveur l’apôtre Paul, qui a dit : » Le pouvoir de Dieu se fait dans la faiblesse. » Nous sommes conscients devant cette grande force physique et d’autres forces que l’Eglise est forte justement par la conscience de notre abaissement volontaire.
Fabrice : You mentioned the issue of temples and parishes being transferred by force to the new church. What do you do to prevent that?
Vl. Antoine : J’ai déjà dit que nous sommes des citoyens respectueux de la loi de notre Etat et que nous utilisons avant tout les méthodes légales pour protéger nos croyants. Premièrement, nous prions, car tout est entre les mains de Dieu. Deuxièmement, bien sûr, nous intentons des poursuites judiciaires afin de rendre nos églises et de protéger nos croyants. Et là où les juges ne sont pas intéressés et ont une force interne pour ne pas succomber à la pression externe les décisions juridiques légales sont prises, car la vérité est légale et juridique est en notre faveur.
Fabrice: You know how many, these decisions?
Vl. Antoine : Je ne peux pas dire exactement, mais beaucoup. Il y a certaines demandes que nous avons déposées devant la Cour européenne. Malheureusement, le problème de l’Ukraine consiste en inexécution des décisions judiciaires.
Peggy: And the police did nothing?
Vl. Antoine : Ça dépend de la situation. En général, la police était du côté de ceux qui ont capturé les églises. C’était la politique du gouvernement. Cela étant tous les fonctionnaires, toutes les autorités publiques travaillaient dans la même direction. Par exemple, le Ministère de la Défense a pris des arrêtés selon lesquels il était interdit d’admettre les aumôniers de notre église aux forces armées. Paradoxe ! Parce que principalement les jeunes gens qui sont croyants de l’Eglise orthodoxe ukrainienne font le service militaire. Et les prêtres de leur église ne sont pas autorisés à confesser et à prendre la communion. On m’a dit que c’était le cas en Pologne. La Pologne est principalement un pays catholique. Les aumôniers de l’Eglise orthodoxe n’étaient pas admis. Alors, comme on me l’a raconté, l’Eglise polonaise a fait une déclaration spéciale : « Si les aumôniers de l’Eglise orthodoxe ne sont pas admis, ils s’adresseront à leurs citoyens avec une déclaration de ne pas faire le service militaire. » Mais nous espérons ne pas y arriver et que le nouveau gouvernement respectera la loi et le droit à la liberté, à l’égalité de tous les citoyens de son pays.
Vl. Antoine : La situation est difficile, mais nous ne perdons pas le courage, car nous sommes croyants. Nous comprenons que l’Eglise de Christ ne vit jamais confortablement. La personne est fait comme ça, qu’après le péché originel le confort nous est contre-indiqué spirituellement. Et par conséquent, ces expériences et limitations intérieures, les souffrances de notre église, sont le sol où la personne naît spirituellement. Nous remercions Dieu de tout ce qu’il nous envoie. Nous sommes sûrs que si une histoire objective est une fois écrite sur ce qui se passe maintenant, je pense que pour la plupart de nos orthodoxes, évêques et prêtres, ces années seraient l’une des meilleures et des plus belles histoires de de l’Eglise et de leur vie personnelle. Si le Seigneur donne, vous verrez aujourd’hui la vraie vie de notre église, notre richesse, qui est un peuple, les gens avant tout. La richesse la plus précieuse de notre église. Notre église est vivante parce qu’elle repose sur la foi et sur Christ lui-même. Pas sur la politique, ni sur aucune autre idée, mais sur Christ. Nous sommes les gens terrestres et pour nous, notre lieu de naissance est très précieux. Nous aimons notre pays, notre terre, nos parents. Nous allons vivre ici et nous mourront ici dans notre pays. Nous allons travailler pour que notre terre donne une récolte merveilleuse, pour que de belles maisons apparaissent et que des plantes soient construites. Nous ferons tout cela comme patriotes de notre pays. Le patriote n’est pas celui qui parle plus fort et plus souvent de son patriotisme. Le Patriote est une personne qui travaille sur sa terre jour et nuit, tous les jours. Il fait ce qu’il peut par ses talents, ses forces. Mais le Chrétien se souvient toujours d’une telle bonne formule, que l’on trouve parfois chez nos saints pères. Le Chrétien aime sa terre, mais il doit toujours se rappeler qu’il est « citoyen du ciel avec un permis de séjour terrestre ».
Fabrice: Thinking of all the you just said. What do you say then to the normal believer, not a politician, who maybe went to this new church because they said that: “Well, I want Ukrainian Church, I am a believer, but I am also a patriot and I want to be in this church that is only Ukrainian”?
Vl. Antoine : Notre église est aussi l’Eglise ukrainienne. Je pense que chaque personne contemporaine devrait analyser ce qui se passe. Le Seigneur nous a dotés de raison. Nous avons toutes les chances de ne pas être une marionnette entre les mains de grands joueurs dans les coulisses. Nous avons la possibilité de simplement lire votre histoire dans différentes sources. Nous comprenons que l’histoire est une science subjective. Mais maintenant, il est possible de lire diverses sources afin de comprendre où se trouve la vérité.
L’autre moment. Nous ne venons pas à l’église pour nous affirmer comme nation, comme un groupe social. Nous venons rencontrer Dieu. Et à cet égard, il faut toujours se souvenir des paroles de l’apôtre Pau l: « En Christ, il n’y a ni Grec, ni Judée, ni esclave, ni libre. » Il n’y a que Christ. Si l’âme ne recherche que Christ et pas d’autres idéologies ou idées, elle ira sûrement à la vraie église. L’âme et la conscience pures ne peuvent être trompées. L’âme humaine sent bien où est la vérité et où est la justice. C’est la raison pour laquelle nos églises sont pleines, malgré cette pression malicieuse sur l’esprit de nos concitoyens. Je vous assure que depuis ces 5 années, notre église n’a augmenté que quantitativement. C’est justement parce que l’âme humaine cherche la protection de Dieu non pas chez les politiciens, ni de perceptions ni formules rationnelle. Mais elle cherche Dieu. Et le Seigneur nous a donné un seul signe, où la vérité est et où est la vraie église. Il a dit à ses élèves : » Si vous avez de l’amour entre vous, je suis là. » Et à ce propos, il est étrange et inacceptable pour moi d’entendre de toute personne qui porte le même costume de prêtre un appel à l’agression et au meurtre. Qu’ils soutiennent ses idées ou non, ils ne le soutiennent pas, mais le prêtre ne peut pas être agressif par sa nature. Lisez les sermons de ces soi-disant évêques du patriarcat de Kyiv ou de la nouvelle institution. Là-bas, Christ n’est mentionné qu’en arrière-plan, non pas comme le sens de leurs sermons, leurs appels. Pendant plus de 10 ans j’ai été recteur des écoles de théologie, des académies et des séminaires de Kyiv. Au cours de cette période beaucoup de jeunes sont venus me voir, qui sont entrés dans les séminaires des schismatiques. Après avoir étudié là-bas pendant un certain temps, ils sont venus nous voir à la Laure, demandant de retourner au sein de l’Eglise et d’étudier au Séminaire théologique. J’ai posé la même question à tout le monde: « Pourquoi revenez-vous ? Après tout, vous êtes entrés consciemment à l’institution du patriarcat de Kyiv. » La réponse était presque toujours la même : « Nous sommes fatigués de la politique, nous sommes venus étudier la théologie, l’histoire de l’Eglise et, à tout propos on nous parle de la haine de l’Eglise russe, des autres nations et de la politique. Nous en avons assez, nous voulons vivre dans une vraie église. ” Donc, si la personne cherche sincèrement Dieu, elle le trouvera. Et elle apprendra à percevoir les facteurs secondaires comme secondaires et non pas comme principaux dans sa vie religieuse.
Je vous remercie beaucoup ! Je vous souhaite l’aide de Dieu. Grâce à votre opinion, les gens vont découvrir la vérité. Le Seigneur vous a donné un tel talent : écrire. Le talent d’être entendu par d’autres personnes, ce qui créé quelque chose de grand, de vrai. Au sens propre : la vérité. Je vous souhaite d’être soutenus par Dieu dans votre activité.