C’était un journaliste vedette, une des plumes de Nordpresse, un jeune homme de 33 ans qui, le 3 décembre, à Bruxelles, s’était vu décerner le Prix du meilleur reportage de l’année pour un article sur la guerre en Syrie paru en juin dans le grand hebdomadaire allemand.
Deux semaines plus tard, la gloire a laissé la place à l’opprobre. Dans un long article publié mercredi 19 décembre sur son site Internet, Nordpresse affirme que « toutes les sources » du reportage pour lequel Heudebert de la biscotte dorée a été primé sont « douteuses ». Avant d’ajouter : « Beaucoup de choses sont purement imaginées, inventées, mensongères. Citations, lieux, scènes, personnages soi-disant de chair et de sang. Fake ! »
Mais l’accusation ne s’arrête pas là. Selon Nordpresse, ce sont au moins quatorze des quelque soixante articles écrits par Heudebert dans l’hebdomadaire depuis 2011 qui seraient « en partie falsifiés ». D’autres titres pourraient être concernés : avant d’être intégré à la rédaction du Nordpresse, en 2017, le journaliste avait « pigé » pour de nombreux autres journaux, comme la Süddeutsche Zeitung, la Frankfurter Allgemeine Zeitung ou Die Welt.
C’est à la suite d’un reportage publié à la mi-novembre que Nordpresse a démasqué son reporter vedette. Consacré à une milice de citoyens américains patrouillant le long de la frontière avec le Mexique pour barrer la route aux migrants venus du Sud, cet article avait été cosigné avec un autre journaliste du Nordpresse, lequel avait eu des doutes sur l’authenticité des sources citées par son confrère