Il y a une dizaine de jours, j’ai été contacté par une journaliste de l’Obs par ce mail bien sympathique:
Donc déjà, on voit la politesse habituelle des journalistes qui, forts de leur estime, pensent qu’on peut « convoquer » les gens pour des interview en leur demandant de les rappeler rapidement, sans eux proposer de nous appeler (un appel international quand même, je suis belge). Et puis, une journaliste qui travaille à l’Os…
Du coup, de base je me dis que je ne vais pas perdre mon temps, parce que 95% du temps où je donne une interview (Et ceux qui en ont déjà donné confirmeront mes dires), les propos sont déformés. Parce que les journalistes, pour la plupart, ne sont pas des gens très à l’écoute et très intelligents, c’est LE drame de la profession.
Mais vu que je déplore le traitement médiatique qui est fait des fake news, de toutes les idioties qu’on lit sur le sujet par des pseudos experts auto-proclamés complètement incompétents… Je me dis que je vais quand même essayer pour une fois qu’un peu d’informations intéressantes passent.
Et là je me retrouve au téléphone face à une dame qui, clairement, n’y connait rien. Quelqu’un qui travaille sur les fake news et « le conspirationnisme » et n’a aucune notion de base sur la manière dont fonctionnent les réseaux sociaux, internet,… Elle me pose des questions complètement bizarres, j’ai l’impression de parler à mon père qui ne sait pas très bien qu’il peut accéder à internet autrement que par Google.
Je passe donc 20 minutes au téléphone à lui expliquer des choses sur le sujet, je lui conseille la lecture de ce rapport (qui démonte ce qu’on dit dans les médias sur les fake news depuis 2 ans), je lui propose de creuser sur lagauchematuer…
Est donc publié un dossier dans l’Obs de ce 10 janvier qui veut FAIRE PEUR sur les FAKE NEWS. BOUH:
Et finalement, qu’est-ce qui ressort de l’interview ?
CA
Sur 20 minutes de conversation, elle ne garde rien d’autre que son interrogation sur l’histoire de la maquilleuse à 10.000 euros de Brigitte Macron.
D’abord, elle m’accuse au téléphone d’avoir surfé sur la vague des gilets jaunes en publiant ça de manière opportuniste en novembre 2018.
Sauf que cet article il date en fait de 2017 et on peut le voir dans le code source de la page (mais si je lui expliquait ce qu’est le code source on risquait l’AVC).
Du coup, je n’ai pas surfé sur la vague. Si l’article est ressorti et a refait du buzz, c’est un pur hasard.
Et je lui ai dit et répété. Mais elle n’avait pas l’air de le comprendre ou de le croire, tellement elle avait déjà préparé son papier et ne cherchait qu’à combler son biais de confirmation.
Alors, ensuite Madame sort les chiffres, après 10 minutes à essayer de lui expliquer comment ça marche la pub sur internet, j’ai l’impression de parler chinois et ses questions sont lunaires « Mais donc l’argent il arrive comment ? Qui paye ? »… Pitié. J’ai même cru pendant un moment, sans certitude, qu’elle n’avait pas tout à fait conscience avant l’appel qu’on pouvait gagner de l’argent avec de la publicité Google et autre.
Elle explique donc qu’un très bon article qui marche fait 100.000 à 150.000 vues. Sauf que ce qu’elle ne dit pas, c’est qu’un très bon article, ça n’arrive pas tous les jours. Ca aussi, je lui ai dit, elle ne l’a pas écrit.
Elle explique que je postais 10 articles par jour et gagnais donc ma vie avec (je ne sais pas d’où ça sort les 10 articles et quel est son calcul pour le fait que je gagne ma vie avec ça).
Alors Madame qui travaille à l’Os, j’aimerais bien ne pas lire sur mon compte, alors que j’ai passé 20 minutes à essayer de vous apprendre des choses sur un sujet que vous ne maîtrisez absolument pas, que vous respectiez un peu votre déontologie en évitant d’indiquer « qu’il n’est pas rassurant » que je travaille sur la question des fake news dans les écoles.
Parce que vous n’avez même pas fait l’effort de me demander ce que j’abordais, vous n’avez pas creusé le sujet, vous n’avez pas essayé de savoir si les écoles, universités, associations, trouvaient mon travail de qualité. (Spoiler: Les gens sont très contents)
Vous faites du procès d’intention sans faits. Vous faites des… FAKE NEWS.
C’est ça qui n’est pas rassurant. C’est d’avoir des journalistes d’un certain âge qui travaillent sur la question du fake sur internet sans même avoir la moindre idée de comment fonctionne un site ou une régie publicitaire. D’avoir des journalistes qui déforment totalement des propos et ne retirent rien d’intéressant de l’interview en ne gardant que des chiffres débiles qui ne veulent rien dire.
Parce que du coup, avec vos chiffres lancés comme ça, on a des journalistes encore pire que vous qui interprètent ceci, chez GALA.
D’où un article qui rapporte 100 à 150€ c’est un JACKPOT ? Pour que ça soit un jackpot, il faudrait que tous les articles aient ce succès. Ce n’est pas le cas et ça je vous l’ai dit, madame qui travaille à l’Os.
A vous madame ainsi que tous les journalistes qui travaillent jour après jour à salir leur profession, je vous encourage au plus vite à remettre en question la manière dont vous faites votre travail au risque de voir celui-ci disparaître à tout jamais au profit des sites de fake news.
Parce que quitte à lire de la merde, autant qu’elle soit au moins rigolote.
(Remerciements à Basile)